Moustiques, poux, parasites du chat ou du chien, pucerons sur les plantes, microbes sur les surfaces et sur les mains… Ces petits « indésirables » s’invitent souvent dans nos domiciles ou au jardin, au point de devenir parfois envahissants et nuisibles. Pour s’en débarrasser, nous utilisons des produits appartenant à la catégorie des « biocides ». Prises ou sprays contre les insectes, antipuces, antimousses pour la toiture, produits désinfectants… la liste est longue ! Ces biocides soulèvent pourtant de réelles questions sanitaires et environnementales. Alors que faire ? Est-il possible d’agir contre ces envahisseurs, tout en limitant notre exposition et notre impact ?
Les alternatives aux biocides
À la maison, il est tout à fait possible de réduire l’usage des biocides en adoptant des bonnes pratiques et des alternatives simples et efficaces, sans sacrifier l’hygiène et la protection.
1/ Prévenir plutôt que guérir :
- Aérer quotidiennement le logement pour limiter moisissures et acariens ;
- Réguler l’humidité si besoin : VMC, absorbeurs d’humidité ;
- Ranger les aliments dans des boites hermétiques pour ne pas attirer les nuisibles (mites alimentaires, fourmis, cafards, rongeurs…) ;
- Nettoyer régulièrement avec des produits simples (vinaigre blanc, savon de Marseille, savon noir) et en évitant l’eau de javel (corrosive et toxique) ;
- Installer des moustiquaires aux ouvertures (qui limitent aussi l’accès aux autres insectes) ;
- Vider les eaux stagnantes pour éviter la prolifération de moustiques ;
- Utiliser des répulsifs naturels* : citronnelle contre les moustiques, teatree contre les champignons, lavande, géranium ou terre de diatomée contre les petits rampants. Les solutions naturelles sont moins radicales, mais utilisées correctement et de manière préventive, elles peuvent s’avérer très efficaces ;
- Brosser les animaux avec un peigne antipuce (détection et élimination), nettoyer régulièrement litière et paniers.
2/ Préférer les pièges mécaniques contre les nuisibles :
- Utiliser des tapettes ou des cages pour les rongeurs, des bandelettes adhésives ou pièges à phéromones pour les insectes volants (les pièges antimites vestimentaires sont très efficaces par exemple).
3/ Privilégier l’action mécanique pour le nettoyage du sol et des surfaces :
- Utiliser un balai vapeur à 120°C, des microfibres (de préférence en coton pour éviter le rejet de microplastiques) : ils sont très efficaces et permettent d’éviter le recours aux produits ménagers contenant des biocides [1].
4/ S'informer sur la composition des produits et matériaux achetés :
- Vérifier l’absence de pictogrammes de danger ;
- S’aider d’applications mobiles pour détecter les molécules toxiques ;
- Choisir des produits avec un label écologique.
Comment agir en fonction de la cible ?
Dans la maison
Les attraper délicatement pour les mettre ailleurs (abri, garage, cave), cohabiter car elles nettoient la maison des moustiques, mouches, cafards…, asperger de savon noir dilué
Nettoyer régulièrement les surfaces et ses mains à l’eau et savon, préférer les produits naturels (vinaigre ou savon de Marseille) ou éco-labelisés, utiliser un nettoyeur vapeur et/ou des microfibres (en matière naturelle) + d’infos
Mettre les aliments dans des boîtes hermétiques, nettoyer les surfaces, boucher les interstices, répandre de la terre de diatomée (attention à son utilisation)
Aérer tous les jours (10mn), installer une ventilation, placer des absorbeurs d’humidité
Vider l’eau stagnante, installer des moustiquaires, utiliser des bandelettes autocollantes, des tapettes ou des répulsifs naturels : citronnelle, géranium, lavande…
Mettre les aliments – ou les vêtements (en laine) inutilisés pendant une saison – dans des boîtes hermétiques, nettoyer régulièrement, installer des pièges autocollants à phéromones
Favoriser les produits avec actions mécaniques (huile végétale et peigne antipoux), nettoyer les draps, manteaux, bonnets, doudous, brosses, élastiques, etc. (au lave-linge 60°C ou sèche-linge pendant 20 min ou congélateur pendant 48h dans un sac hermétique), nettoyer régulièrement la maison, surveiller fréquemment le cuir chevelu de vos enfants et leur attacher les cheveux en prévention + d’infos
Nettoyer régulièrement la maison, utiliser des répulsifs naturels (huiles essentielles de lavande, citronnelle ou girofle*), brosser les animaux avec un peigne antipuce, nettoyer les litières et paniers régulièrement + d’infos
Boucher les trous de circulation, placer des tapettes ou cages pour capturer et relâcher dans le milieu naturel, mettre les aliments à l’abri, favoriser les prédateurs (chat, rapaces nocturnes)
Au jardin
Fabriquer des pièges (bière, cendre), attirer les auxiliaires prédateurs (hérissons, crapauds…) qui les mangent, pulvériser du purin d’absinthe + d’infos
Verser de l’eau bouillante de cuisson (à renouveler), utiliser une binette ou un couteau pour arracher, pailler pour empêcher la pousse + d’infos
Brosser la toiture, utiliser un nettoyeur à haute pression en le réglant à basse pression et procéder du haut vers le bas, faire appel à un professionnel
Choisir un bois correspondant à l’usage et favoriser le bois local, appliquer de l’huile de lin pour la protection, fabriquer sa peinture naturelle (peinture suédoise)
Attirer les auxiliaires prédateurs (coccinelles), saupoudrer de terre de diatomées (attention à son utilisation), pulvériser du savon noir dilué, ou une décoction d’ail, ou de purin d’absinthe + d’infos
Les bonnes pratiques pour l’usage de biocides ménagers
Si malgré ces premières actions préventives et mécaniques, l’envahisseur est toujours là et grignote votre espace vital, il vous reste alors deux solutions : accepter définitivement la cohabitation ou l’éliminer par la manière forte ! Dans ce deuxième cas, il est important de suivre des recommandations.
- Lire attentivement les recommandations figurant sur les emballages des biocides, en veillant au strict respect des doses d’emploi, au bon stockage, hors de portée des enfants ;
- Aérer les pièces dans lesquelles les produits ont été utilisés ;
- Ne pas les transvaser dans des contenants autres que ceux d’origine ou prévus à cet effet ;
- Déposer en déchetterie les biocides inutilisés (surtout pas à la poubelle ou dans l’évier).
Les bonnes pratiques pour l’usage d’antiparasitaires pour animaux domestiques
Dans le cas des antiparasitaires pour nos chats ou chiens (antipuces, antitiques, vermifuges…), – qui relèvent quant-à eux de la règlementation des produits vétérinaires et non des « biocides » – il est recommandé de :
- Les utiliser de manière très raisonnée, en cas d’infestation avérée par exemple. Demander conseil à votre vétérinaire (il faut toujours mesurer les bénéfices/risques. S’il y a présence de puces, il vaut mieux parfois traiter rapidement pour éviter qu’elles ne prolifèrent et qu’il soit nécessaire de traiter plus longtemps. Le brossage permet notamment la surveillance) ;
- Privilégier les traitements par voie orale (comprimés), sans oublier de se laver les mains après l’administration et de ramasser et jeter les selles à la poubelle pendant la durée d’efficacité du traitement (jusqu’à plusieurs semaines pour certaines molécules comme le fipronil) ;
- Éviter les traitements par voie externe (pipettes et colliers), surtout lorsqu’il y a des femmes enceintes ou des enfants [2] ;
- Éviter les câlins rapprochés, les baignades et shampoings pendant la durée d’efficacité du traitement donné par voie externe (jusqu’à 4 semaines pour le fipronil et l’imidaclopride) afin de limiter l’exposition directe et la diffusion dans l’environnement ;
- Aérer régulièrement le domicile : les pyréthrinoïdes par exemple sont très volatiles ;
- Nettoyer et passer l’aspirateur : certaines molécules sont persistantes pendant plusieurs mois sur des poussières, poils ou squames (le fluralaner par exemple est éliminé via les débris cutanés et les poils, même lors d’une administration orale ! [3]) ;
- Demander conseil à votre vétérinaire : des injections existent également pour les chats.
Enfin, n’oublions pas que nous faisons partie d’un écosystème vivant fragile, dont l’équilibre dépend aussi de nos choix quotidiens. Alors, avant d’utiliser un produit biocide, prenons le temps de réfléchir : est-il vraiment nécessaire ? Apprendre à cohabiter avec le vivant est parfois la meilleure façon de le préserver… et de nous préserver.
Pour en savoir plus sur les biocides :
- C’est quoi un biocide ?
- Que dit la règlementation ?
- Des risques sanitaires et environnementaux bien présents
Références directes
[1] Utilisation des textiles microfibres pour le bionettoyage des « surfaces hautes » : une perspective à considérer ; Health & Co (2025) https://www.hygienes.net/publication-scientifique/utilisation-des-textiles-microfibres-pour-le-bionettoyage-des-surfaces-hautes-une-perspective-a-considerer
+ Nettoyage microfibre hôpital : la révolution du bionettoyage (Centre hospitalier Simone Veil) https://www.ch-beauvais.fr/actualite/nettoyage-microfibre-hopital-la-revolution-du-bionettoyage/
[2] Thèses et études répertoriées par EcoVeto :
- « Pet dogs transfer veterinary medicines to the environment», Diepens et al. (2023) : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36265636/
- « Human exposure to fipronil from dogs treated withFrontlineR©», Jennings, J.A.; Canerdy, T.D.; Keller, R.J.; Atieh, B.H.; Doss, R.B.;Gupta, R.C.. Vet Human Toxicol (2002)
- « Impact environnemental et pour la santé humaine des antiparasitaires externes des carnivores domestiques : application en médecine préventive », Charlotte DA ROCHA (2023) : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04411419v1
- « Distribution cutanée de l’imidaclopride par microautoradiographie après administration topique à des chiens beagle », Chopade H, Eigenberg D, Solon E, Strzemienski P, Hostetler J, McNamara T. Vétérinaire Ther. Hiver (2010)
[3] « Pet dogs transfer veterinary medicines to the environment », Diepens et al. (2023) : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36265636
Pour aller plus loin
- ECHA, Liste des substances biocides et leur statut, ainsi que les produit biocides autorisés selon le règlement UE 528/2012
- Santé Publique France (2021), Exposition aux pesticides de la population française : résultats de l’étude ESTEBAN
- EcoVeto
- Eau & rivières de Bretagne (2021), Les biocides, des pesticides méconnus
- Ceseau, Recettes alternatives et écologiques
- EcophytoPIC (2024), Utiliser des substances naturelles à activité biocide
- ECHA (Agence européenne des produits chimiques)
- Helpdesk de l’ANSES
- Registres des AMM de produits biocides (France et Europe)
- Règlement (UE) n°528/2012 sur les produits biocides
- CERTIBIOCIDE
*Attention : le caractère naturel d’un produit ne le rend pas nécessairement moins dangereux. Les huiles essentielles par exemple sont des produits très concentrés à utiliser avec précaution ou à éviter chez les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Article rédigé par Claire Moras. Merci à Juliette Gaillard du SMIDDEST, Camille Lasserre d’EcoVeto et à l’équipe du Ceseau pour leur relecture et commentaires (Claire Richard, Leslie Migné, Thomas Fauré).
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