Comment fonctionnent les stations d’Ă©puration ?

Comme son nom l’indique, la station d’épuration, ou STEP pour les intimes, sert à « purifier » l’eau avant de la rendre au milieu naturel. Dans les grandes et moyennes villes, on trouve souvent des stations d’épuration dites « à boues activées » ou parfois, des stations à « biofiltration ». Petit cours technique !

Le traitement primaire, une action mécanique

Le traitement primaire (ou prétraitement) permet l’éliminer les matières en suspensions (déchets grossiers, sables, etc.) et les huiles. Le dégrillage retient les déchets de bois, de papier ou de plastique. Ensuite, le dessablage retient les matières minérales comme la terre et le sable, susceptibles d’endommager les pompes ou de créer des dépôts dans les bassins de traitement. Le déshuilage (ou dégraissage), au moyen d’un procédé dit de flottation (injection de fines bulles d’air), permet quant à lui la séparation des huiles et graisses qui remontent à la surface et sont éliminées.

Le traitement secondaire, un processus biologique et/ou physico-chimique

Le traitement secondaire permet l’élimination des matières en solution dans l’eau, tant minérales qu’organiques, telles que les matières azotées, phosphorées et carbonées (amidons et fibres).

Les eaux sont d’abord traitées via un traitement biologique (pour les matières organiques et biodégradables), le plus couramment par « boues activées » ou par « biofiltration ».

  • Dans le cas d’un traitement par boues activĂ©es, on insuffle de l’air par injection ou brassage, ce qui permet d’activer le dĂ©veloppement d’une flore bactĂ©rienne qui va se « nourrir » de la matière organique. Dans une seconde Ă©tape, on cesse d’apporter de l’air. Ainsi se dĂ©veloppe (sans oxygène) un autre type de bactĂ©ries dites anaĂ©robies. Ces dernières ont la capacitĂ© d’assimiler le phosphore. Ă€ l’issue de cette alternance (oxygĂ©nation puis anoxie), l’essentiel de la matière organique polluante prĂ©cipite au fond du bassin de traitement. En rĂ©alitĂ©, on reproduit ici l’autoĂ©puration naturelle que l’on peut observer dans les lagunes, mais sur un temps bien plus court ! (quelques jours en station pour plusieurs semaines en lagune). Les boues ou impuretĂ©s ainsi digĂ©rĂ©es sont recueillies par dĂ©cantation dans un bassin appelĂ© sĂ©parateur.
    Ce traitement biologique est le procédé le plus utilisé pour restaurer la qualité de l’eau en la débarrassant de ses principales impuretés. Il est indispensable, mais insuffisant : en dessous de 5°C, l’activité bactérienne est stoppée ! En outre, les bactéries éliminent difficilement les éléments toxiques et les polluants non biodégradables.
  • Dans le cas d’un traitement par biofiltration, comme dans les deux grandes STEP de Bordeaux MĂ©tropole (Clos de Hilde et Louis Fargue), le traitement est rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de granules d’argiles et de micro-organismes. Il produit lui aussi des boues rĂ©siduelles.

Les eaux peuvent également faire l’objet d’un traitement physico-chimique, pour répondre à des enjeux particuliers (recherche de performances très élevées), ou lorsque le traitement biologique n’est pas satisfaisant.

Plusieurs procédés physico-chimiques s’appliquent aux matières en suspension (MES) : la floculation (précipitation des matières sous l’effet de réactifs chimiques), la centrifugation (employée pour les rejets fortement chargés en MES et ayant une faible vitesse de décantation), la filtration (pour les MES peu nombreuses et de petites tailles). Coté chimique, on trouve l’oxydation et la réduction chimique (qui transforment certains polluants en substances non toxiques au moyen d’oxydants et de réducteurs chimiques), ou encore, l’osmose inverse (qui consiste en une filtration moléculaire éliminant les matières polluantes).

À ce stade, l’eau serait épurée à 90% : elle est alors rejetée à la rivière, qui achèverait de résorber la pollution grâce au processus de l’épuration naturelle (ou autoépuration).

Le traitement tertiaire, pour les zones sensibles

Dans les cas d’un milieu récepteur sensible, les eaux épurées peuvent faire l’objet d’un traitement tertiaire. Par exemple, lorsque les eaux résiduaires traitées rejoignent l’environnement au niveau d’un petit cours d’eau à faible débit, ou situé en amont d’une zone de baignade, de conchyliculture, ou encore, de prélèvement pour l’alimentation en eau potable. Une désinfection est alors appliquée afin d’éliminer la pollution bactériologique, par exemple avec du chlore ou des ultraviolets. Selon les caractéristiques physico-chimiques des molécules, le traitement tertiaire peut prendre différentes formes comme la dégradation biologique avec à nouveau des bactéries, l’adsorption au charbon actif, l’ozonation, la filtration à membranes… L’usage du charbon actif ou de l’ozone sont des technologies bien rôdées et peu coûteuses.

Autre technique en développement ces dernières années : le taillis à courte rotation ! Il s’agit de ne plus rejeter les eaux traitées directement dans le cours d’eau en période estivale, mais dans des fossés d’infiltration plantées d’arbres, de type saules ou miscanthus. Ceux-ci vont épurer l’eau naturellement en éliminant le reste des polluants organiques avec leurs racines, ainsi que les phosphates et les nitrates résiduels. Ces arbres sont ensuite taillés tous les ans pour servir de bois de chauffage pour des chaudières communales ou de paillage dans les espaces verts.

Et enfin la dernière phase : le traitement des boues ou le retour à la nature

a dernière phase est le traitement des boues, récupérées dans les clarificateurs des stations d’épuration ou lors des curages séquentiels des lagunes (voir plus bas). Elle consiste à réduire leur volume en fonction de leur destination. Trois voies sont possibles :

  • L’épandage agricole (fertilisant contenant de l’azote, du phosphore et de la matière organique)
  • L’élaboration de compost par incorporation de paille ou de sciure ou de dĂ©chets verts. Le compost peut ensuite ĂŞtre utilisĂ© en Ă©pandage agricole.
  • L’incinĂ©ration pour quelques grosses unitĂ©s ou lorsqu’une installation locale existe dĂ©jĂ  pour les ordures mĂ©nagères. Mais cette technique gĂ©nère des rejets de carbone dans l’atmosphère.

 

Les boues se retrouvent donc en fin de course sur les sols ou dans l’air, oĂą les impuretĂ©s enlevĂ©es Ă  nos eaux usĂ©es finiront leur dispersion… D’autre part, si les STEP sont efficaces pour lutter contre l’azote, le carbone et le phosphore, elles laissent malheureusement passer une grande quantitĂ© de substances indĂ©sirables entrant dans la composition des produits d’usage domestique, pharmaceutique, agricole ou industriel. La question de leur rĂ©duction est devenue un enjeu majeur. Les acteurs de l’eau en France explorent la question, pendant que d’autres pays europĂ©ens comme la Suisse ont dĂ©jĂ  pris les devants…

 

> Lire l’article Que deviennent nos eaux usĂ©es ?

Passer Ă  l’action en fabriquant vos produits :  

Une réponse

  1. « Comme son nom l’indique, la station d’épuration, ou STEP pour les intimes, sert à « purifier » l’eau avant de la rendre au milieu naturel. »
    Comme on demande Ă  vous croire et Ă  ĂŞtre convaincu….La nommer Ă©puration ne suffit pas forcĂ©ment Ă  son efficacitĂ© ….Pour convaincre, il serait plus honnĂŞte de publier les rapports relatant le contenu des eaux de sortie, des rejets en rivière après votre Ă©puration…..Et encore mieux, diligenter plusieurs organismes indĂ©pendants et intègres pour effectuer et publier ces analyses….
    Mais, il l’on veut avancer dans ce dossier, il serait aussi utile et important de changer les formulations contenus dans les eaux d’entrĂ©e de STEP ….C’est Ă  dire que les industriels qui mettent sur le marchĂ© des produits inappropriĂ©s Ă  leur devenir dans l’environnement doivent rapidement revoir leur dossier …..Il est important de valoriser les boues de STEP en agriculture, mais indemnes d’Ă©lĂ©ments Ă  problème ……
    Chacun de nous pour l’instant est responsable de cette situation, du consommateur Ă  l’industriel en passant par les politiques…. mais pour autant ce dossier gestion des dĂ©chets urbains est probablement le plus important Ă  optimiser durablement ….sans aucune dĂ©rives ….!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de confidentialité, ainsi que les Conditions de service Google s’appliquent.

Restez informé

Inscrivez vous Ă  notre newsletter

Recevez les informations rĂ©gulières de l’association et de nos actions.